Paumés

 

Sur nos terres les paumés,

Comme eux je me sens glisser

Le long d’un fil d’inhumanité.

En une seconde ils ont perdu pied,

Se sont laissé submerger

Par les torrents d’hostilité

Dans lesquels nous autres avons nagé.

 

Les pauvres, les pouilleux, les malheureux,

Les gens d’la rue, les gens qui puent.

 

Ils n’ont pas su jouer le jeu,

Ce jeu qui n’amuse que ceux

Qui savent qu’ils vont le gagner.

Ils n’ont pas su qu’il fallait foncer

Sans perdre son temps à onduler.

Ils sont tombés du fil,

Funambules malhabiles.

 

Les pauvres, les pouilleux, les malheureux,

Clodos alcoolisés, honte de la société.

 

Eux n’ont pas sauvé leur bifteck

En piquant dans d’autres assiettes,

Et la bave au coin de leurs bouches

Les fait vivre au  milieu des mouches.

Ainsi ils se sont fait distancer

Mais de tous ces infortunés

J’ai bien du mal à m’éloigner.

 

Les pauvres, les pouilleux, les malheureux,

        Avec eux dans les gargotes, j’ergote.